Pourquoi autant de haine à l'égard de Jean Marie Le Pen?

M Le Pen, si je vous écris cette lettre aujourd’hui, c’est pour vous apporter mon soutien. Oui Monsieur, vous avez bien lu, mon soutien. Car bien que vous le niiez et que bien d’autres s’en moquent, voire s’en félicitent, vous êtes un homme brisé, une icône déchue, le leader désormais contesté d’un domaine en pleine expansion.

Tout le monde vous hait, tout le monde vous méprise, tout le monde vous montre du doigt mais pas moi, parce que moi Monsieur Le Pen je ne tire pas sur les ambulances et je n’achève pas les hommes blessés. Vous n’avez pas eu une vie facile M Le Pen ; ça non. Depuis 30 ans (si ce n’est plus) qu’on vous voit dans le paysage politique vous en avez subi des quolibets, des agressions et des critiques de la part de tous les moralistes bien pensants de ce pays. Il faut dire que vous partez avec un handicap lourd : vous êtes moches ; ce n’est certes pas votre faute mais cela vous a sans doute desservi. Sans doute que si vous aviez été le sosie de Brad Pitt ou de Georges Clooney, vous n’auriez pas eu à subir une telle haine à votre égard. Mais non, il se trouve que la génétique n’a pas été tendre avec vous. Oui car nous avons vu votre fille, et il ne fait aucun doute qu’il s’agit bien là de génétique et non pas d’un laisser aller coupable de votre part qui vous aurait transformé petit à petit en crapaud informe.

M Le Pen, on vous traite souvent de raciste. C’est particulièrement injuste. Vous n’êtes pas le fasciste prêt à tout uniquement pour choquer et rallier les plus bas instincts de la population que l’on décrit, mais bien un brillant stratège de la communication. Car vous représentez un produit M Le Pen ; ce produit c’est la peur et la haine de l’étranger. Et ce produit vous le vendez bien. Je n’ai pas peur de dire que vous avez sans doute été, au cours des dernières décennies, le meilleur vendeur de ce produit. Vous avez même réussi à le refourguer avant qu’il ne soit devenu aussi à la mode. Vous seuls avez su vous adapter à chaque situation. Un raid un peu appuyé d’Israël en Palestine et vous voilà aux côtés des extrémistes musulmans du Monde Entier à dénoncer les conspirations que les Juifs ont fomenté pour conquérir le Monde. Un attentat suicide dans une grande ville européenne et vous voilà aux côtés de toutes les victimes du terrorisme pour dénoncer l’Islam et son insidieuse invasion de notre quotidien. Un SDF meurt de froid et vous voilà aux côtés des plus pauvres pour dénoncer cette immigration galopante qui prive les bons français de leurs emplois. Oui M Le Pen, très tôt vous avez découvert que pour bien vendre un produit, il n’y a nul besoin qu’il soit de qualité : il faut seulement qu’on en parle. Et ça ce n’était pas à la portée de tous.

Mais aujourd’hui M Le Pen, votre situation a changé. Certes vous avez vieilli et comme toutes les personnes âgées, il faut penser à s’arrêter. Mais si vous n’êtes plus ce brillant et incontesté VRP en peur et haine de l’étranger, ce n’est pas votre faute, ni celles des Français qui seraient finalement devenus tolérants. Non Monsieur, ce qui a causé votre perte c’est le capitalisme et l’ouverture à la concurrence. Car comme bon nombres d’individus uniques et novateurs, vous avez été victime de votre succès. On vous a montré du doigt, on vous a insulté puis, lorsqu’on s’est rendu compte que c’était inefficace, on vous a copié. Et ça M Le Pen vous ne l’aviez pas prévu. Et vous voilà aujourd’hui détrôné de votre rang de meilleur vendeur de peur et de haine par (entre autres) un nabot à talonnettes et un auvergnant suintant. PPDA avait Laurence Ferrari, vous vous avez Nicolas Sarkozy.

Et aujourd’hui vous êtes seul, ruiné et pourtant toujours autant détesté. Votre fille a repris votre petite entreprise mais comment pourrait elle réussir là où vous, vous avez fini par échouer ? Tous ceux que vous avez formé ont échoué. Il ne vous reste plus qu’à rester dans votre coin, à ruminer le bon vieux temps où vous étiez un héros dans votre domaine, le temps où la tête fière vous vendiez vos produits et où vous réussissiez à obtenir parfois jusqu’à 20% des parts de marché. Vous êtes désormais l’archétype du retraité désœuvré, qui attend la mort dans sa petite maison de campagne mais sachez M Le Pen que rien n’est terminé : vous pouvez choisir de lutter ; comme toutes les personnes âgées vous avez encore le droit de citer. Alors M Le Pen, pourquoi ne vous investissez vous pas plus dans de nouvelles causes. Personnellement j’en vois une qui vous siérez à merveille : la légalisation de l’euthanasie