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Qui parle Occitan?
SVP y-a-t-il des sites sur l'occitan? Son histoire? la langue? Merci pour vos réponses.
2 réponses
- il y a 1 décennieRéponse favorite
L'occitan ou langue d’oc est une langue romane d’Europe. Elle est caractérisée par sa richesse, sa variabilité et par l’intercompréhension de ses dialectes. Parmi les langues régionales, l’occitan se caractérise par son extension géographique, de loin la plus importante ramenée au territoire français, et par une production culturelle (en particulier littéraire) au prestige certain Réf. nécessaire, à la fois très ancienne et vivace. Elle est parlée par 2 à 10 millions de personnes en France, en Italie et en Espagne . On estime, en France, à environ 7 millions les personnes qui la comprennent sans la pratiquer. Son aire d’expansion géographique couvre 33 départements du sud de la France (36 en comptant les départements minoritairement occitans), 14 contrées des Vallées Occitanes (dans les Alpes piémontaises en Italie) et le Val d'Aran en Espagne. L'occitan médiéval et le catalan médiéval constituaient une même langue.
On l'appelle parfois provençal parce que depuis Mistral le dialecte provençal est celui qui a fourni la plus grande oeuvre littéraire. C'est aussi l'appellation que les Italiens donnaient à la langue au Moyen-Age. Ils ont influencé ainsi les Allemands, puis toute l'Europe.
Cette appellation est un peu problématique, car le contexte n'est pas toujours assez clair pour savoir si le mot désigne toute la langue ou seulement sa variante provençale. L'appellation "Langue d'Oc" présente d'ailleurs la même ambiguité. On ne sait pas toujours si le mot désigne toute la langue ou sa seule variante languedocienne. La formule la plus claire est "occitan".
Le provençal, est un dialecte de l'occitan (considéré par certains comme une langue distincte de celui-ci). L'occitan fut appelé autrefois, lenga romana, roman aux XIIIe et XIVe siècle (terme utilisé au XIXe siècle pour désigner l'ancien occitan), limousin au XIIIe siècle, mondin ou raimondin, gascon au XVIe siècle, catalan, provençal aux XIIIe et XIXe siècle ; ou encore lingua occitana au XIVe siècle, langue d’oc (voire occitanique, occitanien).
Les Occitans eux-mêmes disaient "lo roma[n]" au Moyen-Âge. Ensuite Dante créa le terme "langue d'oc". Les Occitans n'ont jamais eux-même nommé leur langue "occitan". Ils disaient: "parli la lenga nòstra " (je parle notre langue) ou encore en Gascogne "Que parli" (je parle). En Occitanie italienne à une époque les gens appelaient par approximation leur langue "lou prouvençau", ou même "a nosto modo" = "à notre manière" !
Malheureusement dans certaines régions, les locuteurs eux-mêmes utilisent la plupart du temps le terme de patois pour désigner leur langue. Le terme « patois », à connotation péjorative, désigne un charabia incorrect voire incompréhensible parlé par une population rurale, peu nombreuse, dont le niveau de culture est jugé inférieur à celui de la population parlant la langue d’État. L’occitan étant une langue à part entière, constituée depuis le latin parallèlement au français, et non pas un dialecte de ce dernier, le désignant réducteur « patois » est ici particulièrement inapproprié. Il présente l'inconvénient de ne pas être clair: "patois" désigne aussi bien un parler breton, français ou wolof.... Cependant, de nombreux locuteurs persistent et de plus en plus de jeunes partent à la reconquête de leurs racines, découvrant que le patois du « papet » est en fait la riche langue des troubadours.
Ailleurs, dans les régions à forte identité, le nom de la province sert à désigner la langue. On dit: "l'Auvergnat, le Limousin, le Gascon, le Béarnais, le Provençal,..."
Aquitaine : sauf la partie bascophone des Pyrénées-Atlantiques à l’ouest du département et une petite partie de la Gironde en zone saintongeaise.
Il faut noter que le district urbain de Biarritz, Anglet et Bayonne est occitanophone d’origine ; cependant une importante population bascophone est apparue lors des migrations de l’époque de la révolution industrielle.
Aragon : une toute petite région près du Val d’Aran et de la frontière française.
Auvergne : il faut noter que le Forez et la Basse-Auvergne ont connu un recul de l’occitanophonie, à la différence du Cantal, de la Haute-Loire et de la Lozère où la langue est encore parlée par tous les gens de 35 ans et plus.
Centre : une très petite zone en bordure sud de la région.
Languedoc-Roussillon : à l’exception de la majeure partie des Pyrénées-Orientales, où l’on parle catalan. La langue est bien malade dans la plaine, mais se maintient très bien dans les Cévennes (Alès)
Limousin.
Midi-Pyrénées.La langue est moribonde dans la partie languedocienne, menacée dans la partie gasconne, mais beaucoup de jeunes Gascons la reprennent. Elle se maintient merveilleusement en Haute-Guyenne (= Aveyron et moitié nord du LOt)
Monaco : une forme d'occitan était probablement la langue parlée dans la principauté avant le XIe siècle. ([Bec, pp. 48 et 120], et [Geo04, p. 79])
La langue monégasque, un dialecte ligure, est parlée dans certains vieux quartiers de la ville. Au XIe siècle, une colonie ligure (italienne) s’y est installée. Dans cette zone de contact, le monégasque a été fortement influencé par le provençal.
Piémont : région italienne dont seules des hautes vallées (Val de Suse...) sont restées occitanophones (nord-occitan). Le versant italien du col de Tende parle provençal. Dans la plupart de la région, on parle cependant italien et piémontais, un dialecte gallo-italique.
Poitou-Charentes : ici l’usage de l’occitan a fortement reculé au profit du français, seule la Charente limousine a résisté.
Provence-Alpes-Côte d'Azur, sauf les vallées de la Roya et de la Bévéra et quelques isolats ligures (figoun) dans le Var et les Alpes-Maritimes : Biot, Vallauris, Mons et Escragnoles. Le mentonasque a un statut intermédiaire.
Rhône-Alpes : le sud de la région est occitanophone : l'Ardèche (dans sa quasi-totalité) et la plus grande partie de la Drôme. En revanche, le Lyonnais, le Forez et le Dauphiné septentrional qui étaient des zones de parlers intermédiaires entre l’occitan et le franco-provençal sont devenues francophones précocement. L’occitan fut la langue de la noblesse lyonnaise lors de l’apogée de la culture des troubadours.
Val d'Aran : on y parle l'aranais, une forme du gascon qui y a un statut officiel. Le reste de la Catalogne parle catalan.
Nota : on a volontairement écarté les régions catalanophones, afin de se rapprocher de la définition la plus souvent admise de l’occitan. D’un point de vue « occitano-roman », les régions de Catalogne, Valence (en partie), les Baléares, l’Aragon (en partie catalanophone), la ville de l'Alguer en Sardaigne (une colonie isolée) et le Roussillon ainsi que l'Andorre seraient inclus.
Famille linguistique
L'occitan constitue avec le catalan et le gascon le groupe occitano-roman de la Romania occidentale. Auparavant, l'occitan ainsi que le gascon ont été classés dans le groupe gallo-roman, tandis que le catalan était classé dans le groupe ibéro-roman. Ce sont toutefois des classifications plus géographiques et politiques que réellement linguistiques. En effet, le catalan est plus proche de l'occitan et du gascon que de l'espagnol ou le portugais. De même, l'occitan et le gascon sont plus proches du catalan que du français ou que du franco-provençal.
Jules Ronjat a cherché à caractériser l’occitan en s’appuyant sur 19 critères principaux et parmi les plus généralisés. Onze critères sont phonétiques, cinq morphologiques, un syntaxique, et deux lexicaux. On peut ainsi noter l’absence ou la rareté de voyelles fermées (en français standard : pâte, rose, jeûne). C’est une caractéristique des occitanophones grâce à laquelle on reconnaît leur accent « méridional » même quand ils parlent en français. Il existe aussi la non-utilisation du pronom personnel sujet (ex : canti ou cante, je chante ; cantas ou cantes, tu chantes). On peut trouver encore d’autres traits discriminants. Mais, rien que sur les critères principaux, il existe sept différences avec l’espagnol, huit avec l’italien, douze avec le francoprovençal et seize sur dix-neuf avec le français.
Des enclaves occitanophones ont été créées
dans le sud de l’Italie à Guardia Piemontese (La Gàrdia ; Calabre)
au Pays basque espagnol (Colonies gasconnes au Pays basque) : Saint-Sébastien / Donostia (gascon parlé au centre de la ville jusqu’au début du XXe siècle), Fontarabie, Pasajes
en Allemagne (autour de Heil-Bronn dans le duché de Württemberg)
en Argentine : notamment Pigüé (Province de Buenos Aires) présentation et histoire de Pigüé
au Chili
en Uruguay
au Mexique
au Brésil
aux États-Unis principalement dans des États de l’Ouest :
Montpelier (Idaho), Oregon, Californie, mais aussi Valdese (Caroline du Nord) | Histoire de Valdese en anglais, Montpelier (Vermont), Monett (Missouri); ainsi qu’en Louisiane dans la région de Baton Rouge de Arnaudville et de Houma où l’on utilise un parler cajun occitan.
Certaines de ces enclaves parlent encore aujourd'hui l'occitan ou utilisent un dialecte local mêlé à de l'occitan.
À un stade ancien, le catalan et l'occitan ne pouvaient pas être catégoriquement différenciés. Les poètes catalans écrivirent en occitan jusqu'au XIVème siècle. Le premier Catalan qui écrivit toute son oeuvre en catalan, ainsi qu'en occitan, fut le Valencien Ausiàs March.
La différenciation s’est effectuée vers le milieu du XIIIe siècle sur des critères essentiellements politico-géographiques. Ce n’est qu’en 1934 que les intellectuels catalans ont fini par proclamer solennellement que le catalan était distinct de l’occitan. (référence)
L’occitan et le catalan se distinguent par la manière d’écrire la langue (graphie). Les Occitans d’aujourd’hui ont majoritairement choisi d’utiliser une graphie proche de la langue médiévale (et des origines latines). Par exemple en ajoutant les -n finaux "caduques" prononcés en Provence. D’autres avaient préféré franciser leurs graphies (Provençaux Avignonnais, école linguistique Gaston-Phébus en Gascogne...). Tandis que les Catalans ont choisi une graphie plus centrée sur leur manière de prononcer (pas de n final à català par exemple).
L’aspect politique, culturel et religieux est important aussi. La Catalogne, contrairement à l’Occitanie a bénéficié longtemps d’une indépendance étatique alliée à un fort développement économique. De plus, l’espace occitan est globalement défini par son appartenance à la France, le catalan est majoritairement défini par son appartenance à l’Espagne. Encore récemment les langues continuent d’évoluer séparément : le catalan est un ensemble de dialectes qui ont tendance à s’hispaniser au contact du castillan ; l’occitan, lui, a tendance à se galliciser au contact du français. Le poids important des langues espagnole et française dans le monde pèse lourdement sur les rapports de domination linguistique au sein de la France et de l’Espagne.
Il ne faut toutefois pas en conclure que l’occitan et le catalan soient très différents. Il existe une assez bonne intercompréhension entre catalanophones et occitanophones. De plus, de nombreux rapprochements historiques, culturels et amicaux rapprochent ces peuples.
L’occitan est la plus centrale des langues romanes, à ce titre, les influences extérieures de la périphérie romane pouvaient empêcher sa naissance et son développement en n’en faisant qu’un lieu de passage tributaire d’une koinê extérieure, ou bien favoriser son développement en tant que langue véhiculaire spécifique. C’est cette deuxième possibilité qui s’est réalisée, favorisée par certaines circonstances qui ont donné à l’occitan son originalité :
la structure orographique. L’espace occitan se caractérise par son emplacement au sein de barrières naturelles que sont la mer Méditerranée et l’océan Atlantique ainsi que les remparts naturels des montagnes : Massif central, Pyrénées, Alpes
la présence de « marches séparantes » entre les populations: zones ultra-sèches, forêts épaisses séparant le nord du sud de la France (sauf aux abords de l'océan: la Brenne, la Sologne, le Bourbonnais, le Nivernais, la Bresse, le Jura central,...), marais ou landes impropres à l’agriculture et rebelles à toutes colonisations étrangères (régions entre Loire et Garonne, plateau désertique aragonais).
la fixité et le faible mélange des « races » préhistoriques et protohistoriques2
leur moindre celtisation3: populations celtes peu importantes mais la celtisation s'est implantée plus durablement que dans d'autres régions.
une ancienne et longue romanisation : Jules César disait que les Aquitains pourraient apprendre aux Romains à parler correctement le latin. Selon M. Müller, « la bi-partition linguistique de la France commence avec la romanisation même »[Bec, p. 20-21]
un lexique original : bien que celui de l’occitan se situe à mi-chemin entre le gallo-roman et l’ibéro-roman [Bec2], il « possède [...] quelque 550 mots hérités du latin qui n'existent ni dans les parlers d'oïl ni en franco-provençal »
une faible germanisation (contrairement au français ou au franco-provençal) : « le lexique francique » et son influence phonétique « s’arrête [...] assez souvent » au sud de la ligne oc/oïl [Bec, p. 20-21]
l'Occitanie a toujours été un carrefour des langages, grâce à de nombreux échanges commerciaux. Ceci se retrouve dans un vocabulaire d'origines très variées. Le rabbin espagnol Benjamin de Tudèle décrit en 1173 l'Occitanie comme un lieu de commerce où viennent " chrétiens et Sarrasins, où affluent les arabes, les marchands lombards, les visiteurs de la Grande Rome, de toutes les parties de l'Égypte, de la terre d'Israël, de la Grèce, de la Gaule, de l'Espagne, de l'Angleterre, de Gênes et de Pise, et l'on en parle toutes les langues "
L’utilisation du nom « occitan » et l’idée qu’il n’y a là qu’une seule langue est sujet à polémiques. Il est généralement admis qu’il existe une unité linguistique dépassant le cadre dialectal. Certains pensent cependant qu’il n’existe pas une, mais des langues d’oc, de la même manière que les langues d’oïl constituent une famille et non une langue unique. Toutefois, la différenciation entre une famille linguistique, une langue, un groupe dialectal, ou un dialecte, est parfois arbitraire, ce qui révèle la complexité de la linguistique. De même, pour certains, le gascon et le catalan posent aussi un problème de classification vu certains côtés ibéro-romans. « Il est difficile [...] de séparer le catalan de l'occitan si l'on n'accorde pas le même sort au gascon » [Bec, p. 48]. Ces langues sont regroupées sous la désignation de groupe linguistique occitano-roman.
Les différents dialectes de l’occitan sont :
le limousin
l’auvergnat
le vivaro-alpin
le guyennais est une forme de languedocien dont le nom est tiré de circonstances historiques
le gascon
l’aranais est la variété de gascon pyrénéen en usage dans le Val d'Aran (en Catalogne), où elle a un statut de langue officielle.
le languedocien
le provençal
le shuadit ou judéo-provençal est considéré comme éteint depuis 1977, disparition imputable à la Shoah. Toutefois, les travaux de René Moulinas, Les Juifs du Pape, montrent que les Juifs provençaux parlaient provençal comme leurs compatriotes chrétiens. Les Juifs du Comtat Venaissin (Vaucluse) parlent la langue d'oc dans la même proportion que les autres Comtadins encore aujourd'hui.
Le "judéo-provençal" a été très étudié avec une grande compétence par l'ancien empereur du Brésil Pedro Segundo, une fois que celui-ci fut détrôné. Il parlait excellement la langue d'Oc (notamment dans sa variante provençale), mais il avait aussi une bonne connaissance de l'hébreu.
les parlers catalans sont aujourd'hui souvent détachés de l'occitan, d'une part par l'évolution naturelle du catalan, d'autre part, par les nombreuses influences espagnoles qu'il y a dans cette langue pour des raisons bien compréhensibles. Les influences espagnoles sur le catalan sont présente de manière encore plus nette en Roussillonnais, bien que le Roussillon soit depuis Louis XIII sous administration française. Enfin il faut dire que la "normalisation" de Pompeu Fabra, c'est à dire la création d'une norme administrative linguistique, s'est faite en choisissant les formes les plus éloignées de l'occitan.
Les dialectes d'oc du nord-ouest : du Poitou, de la Saintonge, de l’Aunis ainsi que de l’Angoumois sont remplacés depuis la peste noire de 1349 et les guerres meurtrières par des dialectes d’oïl (la région fut décimée à 90% et repeuplée par des francophones). Les parlers actuels conservent quelques traits d’origine occitane (ex : le mot tarantelle pour désigner une araignée). Cette région avait un dialecte occitan spécifique, très proche du limousin, et qui était le dialecte d'expression poétique du troubadour Richard Còr de Leon (Richard Coeur de Lion), roi d'Angleterre et prince-duc d'Aquitaine. La capitale de l’Aquitaine était Poitiers à cette époque.
Au centre-nord, les zones intermédiaires entre le fran��ais et l’occitan ont été francisées : Marche, Basse-auvergne et Forez.
Au nord-est, les zones intermédiaires entre le franço-provençal et l’occitan ont été francisées : Lyonnais, le Forez et le Dauphiné septentrional. L’occitan fut la langue de la noblesse lyonnaise lors de l’apogée de la culture des troubadours.
Au sud-ouest, l'arrivée massive de populations basques dans la communauté de Bayonne, Biarritz, Anglet a modifié l'usage linguistique, sans toutefois faire disparaître la communauté occitanophone.
Au sud-est, l'arrivée massive de populations liguriennes à Monaco a réduit l'importance de la communauté occitanophone, sans toutefois la faire disparaître.
A l'est, dans la région du Piémont (Italie), l'usage du vivaro-alpin n'a résisté que dans les hautes vallées. La zone de la plaine du Pô ne possède pas de frontières naturelles délimitant l'occitan par rapport aux dialectes italiens (il s'agit d'un continuum linguistique).
Source(s) : Bonne lecture !!!!!!!!!!!!!! et bonne chance ! - il y a 1 décennie
Mes grands-parents le parlent de temps en temps et il y a même des radios qui émettent une heure par semaine en occitan! Je trouve çà joli comme langue!